lana caprina

Friday, April 29, 2005

Pensar (3)

Si nous rêvions toutes les nuits la même chose, elle nous affecterait peut-être autant que les objets que nous voyons tous les jours. et si un artisan était sûr de rêver toutes les nuits douze heures durant qu'il est Roi, je crois qu'il serait presque aussi heureux qu'on Roi qui rêverait toutes les nuits douze heures durant qu'il serait artisan. Si nous rêvions toutes les nuits que nous sommes poursuivis par des ennemis, et agitez par ces fantômes pénibles, et qu'on passât tous les jours en diverses occupations, comme quand on fait un voyage, on souffrirait presque autant que se cela était véritable, et on appréhenderait le dormir, comme on appréhende le réveil, quand on craint d'entrer dans de tels malheurs en effet. et en effet il serait à peu prés les mêmes maux que la réalité. Mais parce que les songes sont tous différents, et se diversifient, ce qu'on y voit affecte bien moins que ce qu'on voit en veillant, à cause de la continuité, qui n'est pas pourtant si continue et égale, qu'elle ne change aussi, mais moins brusquement, si ce n'est rarement, comme quand on voyage ; et alors on dit : il me semble que je rêve : car la vie est un songe un peu moins inconstant.

BLAISE PASCAL, Pensées, 386 [éd. Brunschvicg] [1662]

Labels:

Thursday, April 28, 2005

Começos... (12)

Blazing light and warmth, undifferentiated and experiencing themselves. There! I've done it! The best I can, that is. Memory. A memory before memory? But there was no time, not even implied. So how could it be before or after, seeing that it was unlike anything else, separate, distinct, a one-off. No words, no time, not even I, ego, since as I tried to say, the warmth and blazing light was experiencing itself, if you see what I mean. Of course you do! It was a quality of, a kind of naked being without time or sight (despite the blazing light) and nothing preceded it and nothing came after. It is detached from sucession, which means, I suppose, it may have happened at any point in my time - or out of it!

WILLIAM GOLDING, The Double Tongue [1993]

Labels:

Thursday, April 21, 2005

On Readers

Readers may be divided into four classes:
1. Sponges, who absorb all they read, and return it nearly in the same state, only a little dirtied.
2. Sand-glasses, who retain nothing, and are content to get through a book for the sake of getting through the time.
3. Strain-bags, who retain merely the dregs of what they read.
4. Mogul-diamonds, equally rare and valuable, who profit by what they read, and enable others to profit by it also.

SAMUEL TAYLOR COLERIDGE, Lectures [1811-1812]

Monday, April 18, 2005

Para ler em voz alta (10)

Elegía

Como un incensario lleno de deseos,
pasas en la tarde luminosa y clara
con la carne oscura de nardo marchito
y el sexo potente sobre tu mirada.

Llevas en la boca tu melancolía
de pureza muerta, y en la dionisíaca
copa de tu vientre la araña que teje
el velo infecundo que cubre la entraña
nunca florecida con las vivas rosas
fruto de los besos.

En tus manos blancas
llevas la madeja de tus ilusiones,
muertas para siempre, y sobre tu alma
la pasion hambrienta de besos de fuego
y tu amor de madre que sueña lejanas
visiones de cunas en ambientes quietos,
hilando en los labios lo azul de la nana.

Como Ceres dieras tus espigas de oro
si el amor dormido tu cuerpo tocara,
y como la Virgen María pudieras
brotar de tus senos otra vía láctea.

Te marchitarás como la magnolia.
Nadie besará tus muslos de brasa.
Ni a tu cabellera llegarán los dedos
que la pulsen como las cuerdas de un arpa.

Oh mujer potente de ébano y de nardo!,
cuyo aliento tiene blancor de biznagas.
Venus del Mantón de Manila que sabe
del vino de Málaga y de la guitarra.

Oh cisne moreno!, cuyo lago tiene
lotos de saetas, olas de naranjas
y espumas de rojos claveles que aroman
los niños marchitos que hay bajo sus alas.

Nadie te fecunda. Mártir andaluza,
tus besos debieron ser bajo una parra
plenos del silencio que tiene la noche
y del ritmo turbio del agua estancada.

Pero tus ojeras se van agrandando
y tu pelo negro va siendo de plata;
tus senos resbalan escanciando aromas
y empieza a curvarse tu espléndida espalda.

Oh mujer esbelta, maternal y ardiente!
Virgen dolorosa que tiene clavadas
todas las estrellas del cielo profundo
en su corazón ya sin esperanza.

Eres el espejo de una Andalucía
que sufre pasiones gigantes y calla,
pasiones mecidas por los abanicos
y por las mantillas sobre las gargantas
que tienen temblores de sangre, de nieve,
y arañazos rojos hechos por miradas.

Te vas por la niebla del otoño, virgen
como Inés, Cecilia, y la dulce Clara,
siendo una bacante que hubiera danzado
de pámpanos verdes y vid coronada.

La tristeza inmensa que flota en tus ojos
nos dice tu vida rota y fracasada,
la monotonía de tu ambiente pobre
viendo pasar gente desde tu ventana,
oyendo la lluvia sobre la amargura
que tiene la vieja calle provinciana,
mientras que a lo lejos suenan los clamores
turbios y confusos de unas campanadas.

Mas en vano escuchaste los acentos del aire.
Nunca llegó a tus oídos la dulce serenata.
Detrás de tus cristales aún miras anhelante.
Qué tristeza tan honda tendrás dentro del alma
al sentir en el pecho ya cansado y exhausto
la pasión de una niña recién enamorada!

Tu cuerpo irá a la tumba intacto de emociones.
Sobre la oscura tierra brotará una alborada.
De tus ojos saldrán dos claveles sangrientos,
y de tus senos, losas como la nieve blancas.
Pero tu gran tristeza se irá con las estrellas,
como otra estrella digna de herirlas y eclipsarlas.

FEDERICO GARCÍA LORCA [1918]

Labels:

Friday, April 15, 2005

Começos... (11)

Als Gregor Samsa eines Morgens aus unruhigen Träumen erwachte, fand er sich in seinem Bett zu einem ungeheueren Ungeziefer verwandelt. Er lag auf seinem panzerartig harten Rücken und sah, wenn er den Kopf ein wenig hob, seinen gewölbten, braunen, von bogenförmigen Versteifungen geteilten Bauch, auf dessen Höhe sich die Bettdecke, zum gänzlichen Niedergleiten bereit, kaum noch erhalten konnte. Seine vielen, im Vergleich zu seinem sonstigen Umfang kläglich dünnen Beine flimmerten ihm hilflos vor den Augen.
«Was ist mit mir geschehen?» dachte er. Es war kein Traum.

FRANZ KAFKA, Die Verwandlung [1915]

Labels:

Tuesday, April 12, 2005

GALERIA (5)


Aldous Leonard Huxley (1894-1963)

Labels:

Monday, April 11, 2005

A inutilidade do que é belo

Rien de ce qui est beau n'est indispensable à la vie. - On supprimerait les fleurs, le monde n'en souffrirait pas matériellement; qui voudrait cependant qu'il n'y eût plus de fleurs? Je renoncerais plutôt aux pommes de terre qu'aux roses, et je crois qu'il n'y a qu'un utilitaire au monde capable d'arracher une plate-bande de tulipes pour y planter des choux.
A quoi sert la beauté des femmes? Pourvu qu'une femme soit médicalement bien conformée, en état de faire des enfants, elle sera toujours assez bonne pour des économistes.
A quoi bon la musique? à quoi bon la peinture? Qui avait la folie de préferer Mozart à M. Carrel, et Michel-Ange à l'inventeur de la moutarde blanche?
Il n'y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien; tout ce qui est utile est laid, car c'est l'expression de quelque besoin, et ceux de l'homme sont ignobles et dégoûtants, comme sa pauvre et infirme nature. - L'endroit le plus utile d'une maison, ce sont les latrines.
Moi, n'en déplaise à ces messieurs, je suis de ceux pour qui le superflu est le nécessaire, - et j'aime mieux les choses et les gens en raison inverse des services qu'ils me rendent. Je préfère à certain vase qui me sert un vase chinois, semé de dragons et de mandarins, qui ne me sert pas du tout, et celui de mes talents que j'estime le plus est de ne pas deviner les logogriphes et les charades. Je renoncerais très joyeusement à mes droits de Français et de citoyen pour voir un tableau authentique de Raphaël, ou une belle femme nue: - la princesse Borghèse, par exemple, quand elle a posé pour Canova, ou la Julia Grisi quand elle entre au bain. (...)
Au lieu de faire un prix Montyon pour la récompense de la vertu, j'aimerais mieux donner, comme Sardanapale, ce grand philosophe que l'on a si mal compris, une fort prime à celui qui inventerait un nouveau plaisir; car la jouissance me paraît le butde la vie, et la seule chose utile au monde. Dieu l'a voulu ainsi, lui qui a fait les femmes, les parfums, la lumière, les belles fleurs, les bons vins, les chevaux fringants, les levrettes et les chats angoras; lui qui n'a pas dit à ses anges: Ayez de la vertu, mais, Ayez de l'amour, et qui nous a donné une bouche plus sensible que le reste de la peau pour embrasser les femmes, des yeux levés en haut pour voir la lumière, un odorat subtil pour respirer l'âme des fleurs, des cuisses nerveuses pour serrer les flancs des étalons, et voler aussi vite que la pensée sans chemin de fer ni chaudière à vapeur, des mains délicates pour les passer sur la tête longue des levrettes, sur le dos veloutés des chats, et sur l'épaule polie des créatures peu vertueuses, et qui, enfin, n'a accordé qu'à nous seuls ce triple et glorieux privilège de boir sans avoir soif, de battre le briquet, et de faire l'amour en toutes saisons, ce qui nous distingue de la brute beaucoup plus que l'usage de lire des journaux et de fabriquer des chartes.

THÉOPHILE GAUTIER, do Prefácio a Mademoiselle de Maupin [1834]

Friday, April 08, 2005

Para ler em voz alta (9)

Fundo do mar

No fundo do mar há brancos pavores,
Onde as plantas são animais
E os animais são flores.

Mundo silencioso que não atinge
A agitação das ondas.
Abrem-se rindo conchas redondas,
Baloiça o cavalo-marinho.
Um polvo avança
No desalinho
Dos seus mil braços,
Uma flor dança,
Sem ruído vibram os espaços.

Sobre a areia o tempo poisa
Leve como um lenço.

Mas por mais bela que seja cada coisa
Tem um monstro em si suspenso.

SOPHIA DE MELLO BREYNER ANDRESEN [1944]

Labels:

Monday, April 04, 2005

Começos... (10)

Though hundreds of thousands had done their very best to disfigure the small piece of land on which they were crowded together: paving the ground with stones, scraping away every vestige of vegetation, cutting down the trees, turning away birds and beasts, filling the air with the smoke of naphtha and coal - still spring was spring, even in the town.
The sun shone warm, the air was balmy, the grass, where it did not get scraped away, revived and sprang up everywhere: between the paving-stones as well as on the narrow strips of lawn on the boulevards. The birches, the poplars, and the wild cherry trees were unfolding their gummy and fragant leaves, the bursting buds were swelling on the lime trees; crows, sparrows, and pigeons, filled with the joy of spring, were getting their nests ready; the flies were buzzing along the walls warmed by the sunshine. All were glad: the plants, the birds, the insects, and the children. But men, grown-up men and women, did not leave off cheating and tormenting themselves and each other. It was not this spring morning men thought sacred and worthy of consideration, not the beauty of God's world, given to a joy to all creatures - this beauty which inclines the heart to peace, to harmony, and to love - but only their own devices for enslaving one another.

LEV TOLSTOY, Ressurection [trad. Louise Maude] [1899]

Labels: