lana caprina

Monday, March 14, 2005

O Imperador dos Franceses e um simples cão...

Napoléon disait qu'à la suite d'une de ses grandes affaires d'Italie, il traversa, lui troisième ou quatrième, le champ de bataille dont on n'avait pu encore enlever les morts: «C'était par un beau clair de lune e dans la solitude profonde de la nuit, disait l'Empereur; tout à coup un chien, sortant de dessous les vêtements d'un cadavre, s'élança sour nous et retourna presque aussitôt à son gîte, en poussant des cris douloureux; il léchait tour à tour le visage de son maître, et se lançait de nouveau sur nous; c'était tout à la fois demander du secours et rechercher la vengeance. Soit disposition du moment, continuait l'Empereur, soit le lieu, l'heure, le temps, l'acte en lui-même, ou je ne sais quoi, toujours est il vrai que jamais rien, sur aucun de mes champs de bataille, ne me causa une impression pareille. Je m'arrêtai involontairement à contempler ce spectacle. Cet homme, me disais-je, a peut-être des amis; il en a peut-être dans le camp, dans sa compagnie, et il gît ici abandonné de tous excepté de son chien! Quelle leçon la nature nous donnait par l'intermédiaire d'un animal!...
«Ce qu'est l'homme! et quel ne pas le mystère de ses impressions! J'avais sans émotion ordonné des batailles qui devaient décider du sort de l'armée; j'avais vu d'un oeil sec exécuter des mouvements qui amenaient la perte d'un grand nombre d'entre nous; et ici je me sentais ému, j'étais rémue par les cris et la douleur d'un chien!... Ce qu'il y a de bien certain, c'est qu'en ce moment j'eusse été plus traitable pour un ennemi suppliant: je concevais mieux Achille rendant le corps d'Hector aux larmes de Priam.»

EMMANUEL DE LAS CASES, Mémorial de Sainte-Hélène [1823]

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